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Le trouble de l'oralité alimentaire chez l'enfant


trouble de l'oralité

Définition


Le trouble de l’oralité (TOA), désormais appelé par la communauté scientifique trouble alimentaire pédiatrique (TAP) se définit comme toute situation d’alimentation anormale pour l’âge de l’enfant, associée à un dysfonctionnement :

  • médical : présence d’une pathologie (cardiaque, neurologique, digestive, ORL, ...)

  • et/ou nutritionnel : carence ou excès calorique, carences micro-nutritionnelles, dénutrition

  • et/ou sensori-moteur (dysfonction des habilités à manger) : dépendance à une texture, à un ustensile, une couleur, une position particulière, une stratégie spécifique (écran, jeu, en dormant, ...)

  • et/ou psycho-social, avec ou sans conséquence(s) sur la vie sociale : comportement de refus actif ou passif de l’enfant, comportement inapproprié de la personne qui nourrit, entrave scolaire et sociale, altération du lien parent-enfant au cours du repas


Il se manifeste généralement avant 18 mois.


C’est une situation qui dure depuis plus de 15 jours, qui peut être chronique (depuis + de 3 mois) ou aigüe. 


Elle exclue des situations bien particulières telles que la difficulté à avaler les médicaments, l’anorexie du nourrisson et l’anorexie mentale, ou encore un défaut d’apports subit pour différentes raisons (alimentations déséquilibrées, précarité, malnutrition, ...).


Les causes possibles


Tout ce qui entrave le rapport à l’alimentation peut causer un TAP :

  • causes organiques (multiples pathologies ORL, malformation, allergie, ...)  

  • causes oro-motrices (frein de langue, muscles buccaux insuffisamment développés, ...) 

  • dysfonctionnements sensoriels (hypo ou hyper-sensibilité)

  • difficultés d’ordre cognitif, avec un rapport à l’alimentation compliqué 

  • causes environnementales (manque de stimulation, de diversité, d’exposition sensorielle, ...)


Les signes évocateurs


Ils s’observent au moment des repas :

  • sélectivité des goûts, couleurs, textures, températures

  • refus du passage aux morceaux

  • fuite, évitement (du biberon, de la cuillère voire du sein)

  • tétées / repas longs (+ de 30-45mn) et fastidieux

  • faible appétit, ne manifeste pas sa faim

  • refus de s’alimenter

  • nausées, vomissements

  • désintérêt face à l’alimentation

  • absence de plaisir alimentaire


D'autre signes (plus ou moins combinés) peuvent orienter vers le diagnostic :


Avant 12 mois : tétées / biberons sont long(ue)s ou difficiles, il s’endort pendant les tétées, constipation, RGO, il tend tout son corps avec tête en arrière (hyperextension), il n’explore pas les objets ni son environnement par la bouche.

 

Après 12 mois : refus systématiquement de passer à table, bouge beaucoup à table, besoin de distraction pour détourner l'attention, courbe poids et/ou taille qui s'infléchit, difficulté à prendre de poids.

 

En dehors de la prise alimentaires, certaines situations sont caractéristiques, révélatrices d'une hypersensibilité :

-       Refus de marcher dans le sable ou l’herbe

-       Refus des activités manuelles salissantes

-       Ne supporte pas certains vêtements, les étiquettes

-       Ne supporte pas la douche, la crème sur le visage

-       Pleure quand il y a du vent

-       Ne supporte pas qu’on le coiffe

-       Ne supporte pas le brossage de dents

-       Refus de monter dans les manèges, balançoire, toboggan

-       Ne supporte pas les endroits / moments très bruyants

-       Refus des câlins


Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que si l'enfant présente ces signes, ce n'est pas qu'il ne veut pas manger, mais qu'il ne PEUT pas, car certaines étapes de son développement ne sont pas abouties (motricité buccale, capacité masticatoire, trouble de l'intégration neuro-sensorielle, ...). Il met alors en place des stratégies d'évitement pour se défendre durant ces moments de repas, qui sont si éprouvantes pour lui, telles de véritables situations d'agression.


Les conséquences 


Elles peuvent être nombreuses :

  • carences nutritionnelles (en calories comme en micronutriments : fer, calcium)

  • perturbation de la croissance staturo-pondérale 

  • dénutrition

  • surpoids / obésité

  • perturbation du lien parents / enfant

  • perturbation de la dynamique familiale

  • perturbation de la vie sociale, isolement


Diagnostic


Il repose sur une enquête précise et ne peut être posé que par un pédiatre ou un orthophoniste, mais ces derniers doivent y être sensibilisés, au mieux formés, ce qui n’est pas toujours le cas.


Un diagnostic différentiel permet de différencier le TAP d’une simple néophobie alimentaire, d’un trouble de la déglutition ou encore d’une anorexie mentale.


Prise en charge


Elles doit être nécessairement pluridisciplinaire, composée : 

  • d’un(e) orthophoniste, qui travaille les aspects oro-moteurs, sensoriels et comportementaux

  • d’un(e) diététicien(ne), qui travaille l’équilibre nutritionnel nécessaire à la bonne croissance 

  • d’un(e) ergothérapeute, qui travaille l’autonomie et l’intégration neuro-sensorielle

  • et/ou d’un(e) psychomotricien(ne), qui travaille les appuis posturaux, la coordination des gestes, la verbalisation des émotions

  • et/ou d’un(e) psychologue, qui travaille sur l’aspect psycho-affectif de l’alimentation et les tensions intra-familiales


La place du diététicien


Un(e) diététicien(ne) peut être le 1er professionnel rencontré devant une suspicion de trouble de l’oralité alimentaire. Il faut là aussi veiller à ce qu’il / elle soit formé(e). 

Selon les informations recueillies, il/elle pourra vous rediriger vers un(e) orthophoniste.

Bien souvent, il n’est pas nécessaire que l’enfant soit présent aux consultations. Le suivi peut donc se faire à distance, en téléconsultation (visio).

--> Quand le suivi orthophonique est long à obtenir (souvent 6 à 12 mois d'attente), le suivi diététique peut déjà aider à améliorer le quotidien. 


Après avoir évalué l’état nutritionnel de l’enfant, le/la diététicien(ne) accompagne les parents, en fonction de la situation, sur :

  • un enrichissement de l’alimentation

  • les choix des aliments, des textures

  • la gestion de l’hypersensibilité et de la sélectivité

  • le contexte des repas

  • les comportements parentaux

  • l’élargissement progressif du panel alimentaire


Il peut donner des conseils en cas de troubles du transit, de reflux, d’allergies, ...


Si vous pensez que votre enfant est concerné par un trouble de l'oralité, ne restez pas seul(e)s. 

Faites appel à des professionnels formés qui sauront vous écouter, établir un diagnostic et vous accompagner avec bienveillance. 

 
 
 

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